Et ce n'est pas tout...
par Marie-Thérèse Paillé


Maintenant que la prise de conscience est faite. Comment allons-nous procéder pour corriger notre erreur ? Avons-nous le courage de corriger notre erreur ?

Rome ne s’est pas construit en un jour et je crois qu’il ne faut pas être trop puriste. Ce n’est certainement pas avec des injures et un esprit fermé que nous ferons avancer la cause. C’est plutôt en sensibilisant et en informant les consommateurs, qu’une demande pour des oiseaux élevés par leurs parents se fera sentir. Au risque de me répéter, c’est en créant la demande que l’offre viendra, les radicaux sont de toute façon, des gens qui ne savent pas de quoi ils parlent la plupart du temps. Il faut savoir se remettre en question si on veut évoluer. Pour comprendre ce qui fait peur aux éleveurs, il faut avoir été éleveur.

Il faut penser que même les oiseaux devront s’adapter à une nouvelle façon de faire les choses. Imaginez un couple de perroquets reproducteurs, qui depuis leur toute première couvée, se font enlever leurs bébés à 10, 15 ou 20 jours de vie. Sauront-ils continuer de prendre soin de leurs petits passé ce délai ? Certains oui, d’autres pas. L’adaptation devra se faire très graduellement. Peut-être en commençant par laisser les jeunes avec les parents 2 ou 3 jours de plus, tout en observant la réaction des oiseaux. C’est une tâche qu’ils n’ont pas l’habitude d’exécuter et cela comporte certains risques. Une surveillance accrue de la part de l’éleveur sera nécessaire. Celui-ci connaissant bien ses oiseaux saura déceler les comportements dangereux et pourra intervenir si le besoin se fait sentir. Depuis quelques années, certains éleveurs ont commencé à travailler dans ce sens et les résultats sont très encourageants. Autant chez les petites que chez les grandes espèces.

Il y a ceux qui croient qu’ils vont perdre des revenus. Soyons réalistes, quand on prend les petits en charge, la plupart du temps, les parents vont faire une autre couvée tout de suite, comme ils le feraient dans la nature suite au passage d’un prédateur qui aura bouffé leur progéniture. Pour un éleveur consciencieux, ceci ne présente pas un problème. Quand on sait que pour garder les oiseaux en bonne santé, ils ne devraient pas avoir plus de deux couvées par année, la deuxième couvée sera décalée de quelques semaines et les deux couvées seront simplement réparties autrement sur l’année. D’autres ont peur de faire face à l’apprivoisement des jeunes, ne savent pas trop comment ils s’y prendront. C’est avec l’essai erreur que ceci se règlera.

Vous savez, quand on a commencé à nourrir des petits à la main il y a très longtemps. Il a fallut du temps pour développer une technique, la nourriture correcte à donner, comment la donner etc. bien des oisillons ont été sacrifiés au nom de l’évolution qui se révèle aujourd’hui comme une involution. Je pense que chacun développera sa propre technique d’apprivoisement au début, et à ce sujet, je me porte volontaire. Si vous êtes éleveur au Québec et que l’expérience vous intéresse, dites-vous que je ferai tout en mon pouvoir pour vous encourager et vous aider. Il est certain que certaines conditions s’appliquent mais n’hésitez pas à me contacter. J’ai l’esprit ouvert pour ceux qui pensent au bien des oiseaux.

Évidemment, je parle ici d’éleveurs qui méritent ce titre et pas de ces vulgaires producteurs qui n’en n’ont rien à foutre du bien être de leurs oiseaux une fois vendus. Il y a encore malheureusement des producteurs qui se ventent de retirer les petits de leurs parents de plus en plus jeunes, voir même à la naissance. Sous prétexte qu’ils ont plus de facilité à faire accepter la seringue de nourrissage à l’oisillon tout en faisant croire aux clients que l’oiseau sera encore plus docile. Alors, mon Dieu pardonnez-leur car ils ne savent ce qu’ils font !! Ceux-là ne vivraient pas une semaine dans mes souliers à essayer de réparer leurs propres erreurs.

Les problèmes de comportement ayant pour source l’imprégnation humaine pourront être améliorés avec beaucoup de temps et de patience mais jamais complètement réglés. L’oiseau en souffrira toujours. Psychologiquement et/ou émotionnellement, de là l’importance d’aller à la source et de changer nos méthodes. Dites vous bien que même si vous ne voyez pas sa souffrance, elle est toujours là. L’oiseau s’est tout simplement résigné à se comporter comme VOUS le voulez.

Pour terminer, je crois que si tout le monde qui aiment vraiment les perroquets y mettent du sien, nous assisterons dans un avenir prochain à une vie beaucoup plus harmonieuse avec nos amis à plumes. Peut-être verrons-nous les refuges se vider petit à petit pour laisser à des gens comme moi et bien d’autres un peu de temps pour respirer.